Rapport Cours des comptes sur la situation des finances publiques de 2019 à 2024
PDF - 1.3 Mo
Institution : Cour des Comptes
Rapport Cours des comptes sur la situation des finances publiques de 2019 à au 31 mars 2024
Le récent rapport de la Cour des Comptes du Sénégal, couvrant la période de 2019 à mars 2024, révèle des anomalies significatives dans la gestion des finances publiques sous l’administration précédente. Les chiffres officiels concernant la dette publique et le déficit budgétaire ont été largement sous-estimés, mettant en lumière des pratiques financières préoccupantes.
1. Une Dette Publique Sous-Estimée
Au 31 décembre 2023, l’encours total de la dette de l’administration centrale budgétaire s’élève à 18 558,91 milliards de francs CFA, représentant 99,67 % du PIB. Ce chiffre est nettement supérieur aux 74,41 % précédemment annoncés par le gouvernement. Cette sous-estimation de la dette publique soulève des questions sur la transparence et la fiabilité des données financières communiquées par l’ancien régime.
2. Une Dette Bancaire Hors Circuit Budgétaire
Le rapport met en évidence une dette bancaire contractée en dehors du circuit budgétaire et sans approbation parlementaire, atteignant 2 517,14 milliards de francs CFA au 31 mars 2024.
Cette pratique compromet la transparence budgétaire et augmente les risques financiers pour l’État.
3. Un Déficit Budgétaire Largement Sous-Estimé
La Cour des Comptes a recalculé le déficit budgétaire pour l’année 2023, le portant à 12,3 % du PIB, soit 2 291,00 milliards de francs CFA, contre 4,9 % initialement annoncés.
Cette différence résulte principalement de la non-comptabilisation de certaines dettes et dépenses extrabudgétaires. Une telle sous-estimation du déficit budgétaire peut avoir des conséquences graves sur la planification économique et la confiance des partenaires financiers.
4. Augmentation Alarmante de la Masse Salariale
La masse salariale de l’État est passée de 744,96 milliards de francs CFA en 2019 à 1 303,50 milliards de francs CFA en 2023, marquant une augmentation de 74,97 %.
Cette hausse significative pose des questions sur la soutenabilité des dépenses publiques et la gestion des ressources humaines de l’État.
5. Implications pour le Rôle du Sénégal au sein de l’UEMOA
Le dépassement du ratio dette/PIB au-delà des critères de convergence de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) pourrait entraîner des sanctions ou une perte de crédibilité au sein de l’union.
Les critères de convergence de l’UEMOA fixent un plafond de 70 % pour le ratio dette/PIB. Avec un ratio atteignant 99,67 %, le Sénégal dépasse largement ce seuil, ce qui pourrait compromettre sa position au sein de l’union.
6. Conséquences pour le Secteur Bancaire et le Franc CFA
La dette bancaire contractée hors circuit budgétaire expose les banques locales à des risques accrus en cas de défaut de l’État. De plus, une détérioration des indicateurs économiques pourrait affaiblir la valeur du franc CFA et affecter la stabilité monétaire de la région.
7. Impact sur le Financement de la Vision 2050
La situation financière actuelle compromet la capacité du Sénégal à financer des projets ambitieux tels que la Vision 2050. Les marges de manœuvre budgétaires étant réduites, il sera difficile de mobiliser les ressources nécessaires pour atteindre les objectifs de développement à long terme.